[Urbex] La mégisserie oubliée

1
1967

Une exploration d’un spot inédit du sud de la France et malgré les années, assez bien conservé compte tenu de son âge. Nous ne sommes pas les premiers à être rentré dans cette mégisserie construite aux alentours de 1860 mais certainement les derniers. Seule une petite partie reste accessible, le reste s’est malheureusement effondré. Le dernière début d’activité connu sur ce site date de 1974, des informations glanées ça et là, elle fermera définitivement ses portes peu de temps après en 1975.

La mégisserie circa 1910, aujourd’hui, seule la partie à droite sur la photo est visitable.

DISCLAIMER : NE CHERCHEZ PAS A RETROUVER CETTE MEGISSERIE OUBLIEE, JE NE DONNERAI PAS SA LOCALISATION POUR LA PRESERVER. 😉

On s’est retrouvés là un peu par hasard avec Vincent, lors de notre troisième jour d’exploration après une série de déconvenues avec l’Urbexmobile. Mais c’est aussi ça, les joies de l’exploration urbaine, arriver sur un lieu et s’apercevoir qu’il a été fermé quelques semaines plus tôt ou pire, le voir transformer en parking. (histoire vraie…). Après avoir trouvé une première usine de tannage qui avait été bien dévastée (article dans quelques temps), on s’est rapprochés du centre-bourg pour manger. On s’est garés dans un joli petit coin, le long d’un cours d’eau pas loin de bâtiment qui avait l’air abandonné et ce fut le cas. 5 minutes de balades plus tard, on découvre une entrée, pendant que je lance des pâtes dans le camion, Vincent est parti en éclaireur et reviens avec une bonne nouvelle : il reste encore des machines et des peaux.

L’usine s’étend sur environ 3500m², quelques bâtiments ont été reconvertis en habitation, le reste est laissé tel quel, à l’abandon, comme je l’ai dit plus haut, une bonne partie s’est effondrée avec le temps. On restera sage et on ne visitera que la partie qui tient encore.

Si vous n’avez pas envie ou ne savez pas lire, vous pouvez retrouver l’intégralité des photographies en cliquant ici !

Et c’est quoi une mégisserie en fait ?

Une mégisserie, c’est une tannerie en fait mais avec une petite différence. Cette petite différence entre une tannerie et une mégisserie réside dans le fait que la tannerie va tanner toute sorte de peaux mais surtout des peaux de grande taille alors que la mégisserie va se spécialiser dans des peaux de plus petites tailles destinées à fournir du cuir à l’industrie du luxe. On a par ailleurs retrouver plusieurs m3 de cuir laissé là, qui n’arriveront jamais à leur destination finale ainsi que quelques bidons de produits chimiques qui ont été entreposés là plus récemment et ne date sûrement pas de la fermeture de la mégisserie oubliée. Mais passons rapidement à la minute histoire…

Historique de la Mégisserie oubliée

Ça a été assez difficile de trouver des informations fiables sur cette petite usine, mais je suis quand même parvenu à trouver une petite chronologie assez intéressante que je vous relate ci-dessous.

L’histoire de l’activité industrielle sur le site remonte très très tôt dans l’histoire, avant la construction de l’usine, il y avait un moulin à eau à cet endroit dont les premières traces remontent aux milieu du XVIème siècle. Ce moulin appartenait à une grande famille locale, la famille CHABROL. Ce dernier fut détruit par les flammes aux alentours de 1860 et le lieu fut reconverti en mégisserie pour la première fois à ce moment-là. Quelques années plus tard, la mégisserie fut rachetée par les frères CALMETTE qui développèrent l’activité en fabricant durant un temps de la colle forte et surtout construisirent le pont que l’on voit sur la photographie d’époque pour enjamber la rivière et gagner du temps pour arriver en ville.

Pour l’histoire du pont, comme il a été construit par les frères CALMETTE, c’était un pont privé, et ces gens-là de la haute bourgeoisie ne voulaient laisser traverser leurs concitoyens qu’au gré de leurs bonnes ou mauvaises humeurs. Ils installèrent même un portail pour ne pas que les gens puisse franchir le cour d’eau surtout que, dans ces temps reculés du début du siècle, il n’existait que deux endroits pour traverser hors période de sécheresse et ça faisait perdre énormément de temps fou aux habitants surtout quand ils devaient aller travailler à l’usine. Une pétition fut même lancée pour que le conseil municipal réquisitionne ce pont. Finalement, la ville le rachètera à la fin des années 50, deux guerres mondiales plus tard.

La mégisserie fut une usine assez prospère sur près d’un siècle et se transmis dans la famille jusqu’en 1966 où l’affaire périclita. 8 ans plus tard, le couple LABBOT-HOUBLES relance une activité dans les murs, mais celle-ci ne dura pas longtemps. Un an plus tard, l’usine fermera ses portes définitivement.

Autre vue de l’usine et du pont circa 1905

L’exploration

Après manger, j’ai laissé Vincent repartir en éclaireur le temps de fermer l’Urbexmobile et de vérifier trois ou quatre ou cinq fois que je l’avais bien fait. Puis je suis allé vers l’entrée. Elle n’était pas très facile pour moi, ma condition physique de bouddha et mon agilité de bout de bois mort : il fallait escalader pour passer dans une ouverture moins large que moi qui ne devait pas servir de fenêtre à l’époque, mais ça n’a pas posé trop de problème. On arrive dans une grande pièce plongée dans la pénombre, le trépied est obligatoire et les temps de pose sont assez élevés.

J’ai personnellement galéré à arriver à un résultat satisfaisant niveau contraste, la lumière était vraiment très plate, sans trop de relief malgré les diverses fenêtres… N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Ce qu’il en reste n’est pas bien grand : Environ 300m² au sol sur trois niveaux dont deux vides, on a vite fait le tour, en 5/10 minutes top chrono c’est fait. Ce qui vaut le coup à l’intérieur, c’est vraiment les machines qui même si on voit qu’elles ont besoin d’un bon nettoyage, pourraient repartir sans trop de soucis.

La chaudière

Elle a vraiment une bonne gueule, j’adore ces personnages de fer et de rouilles.

Les foulons

Ces derniers servaient de grosses machines à laver pour traiter les peaux avec les produits chimiques. Le premier foulonnage se faisait avec du chrome pour arrêter la putréfaction des peau, la dégraisser et aussi ôter les poils.

La presse

La refendeuse

Cette machine servait à séparer la croûte de la fleur.

Les bains

Il servait à traiter les peaux tannées avec les produits chimiques.

Les cadres

Ils servaient à étendre les peaux pour le séchage.

Quelques photos supplémentaires

Vous pouvez retrouver l’intégralité des photos en suivant ce lien !

On était quand même contents d’avoir trouver ce spot, c’était une bonne surprise. C’est dommage de ne pas avoir pu avoir l’intégralité du spot mais juste une petite partie. Mais finalement, c’est pas grave car elle a été bien préservée pour le coup. Et au fait, j’ai volontairement glissé des fautes d’orthographes dans les noms histoire qu’elle ne puisse pas être trouvée !

N’hésitez pas à liker, commenter et partager cet article, ça fait toujours plaisir d’avoir des retours !

Et en cadeau ?

Un petit reportage datant de 1968 sur les mégisseries (cette fois-ci spécialisée dans la ganterie) :

1 commentaire

  1. Je vais essayer d’aller la voir car j’habite la ville en question. Chez moi il y avait la ferme et à 100m la mégisserie, mais elle a été démolie comme beaucoup dans cette ville qui a perdu beaucoup en patrimoine moulins, châteaux, mégisseries, gare, ponts, fermes et hôtels c’est dommage mais la mairie ne peut tout entretenir. Je rénove la ferme d’un polytechnicien mort à Madagascar en 1902; il a voulu défendre les peuples indigènes mais ça lui a couté la vie!

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.